Webcampagne et influence online

Un sondage CSA/Treize Articles pour l’Observatoire Orange et Terrafemina a analysé les pratiques des Français sur Internet en ce qui concerne la campagne présidentielle de 2012. Cette étude pose la question de l’influence, réelle ou supposée, de la webcampagne sur les intentions de vote.

Si un Français sur quatre utilise Internet pour s’informer sur la campagne présidentielle, ce média reste second derrière la télévision (73%), considérée comme le média d’information privilégié.

Les sites des candidats à la traîne

Les portails généralistes tirent bien leur épingle du jeu. Parmi les Français qui utilisent Internet pour s’informer sur les élections, 59% privilégie les portails comme Orange ou MSN News. Viennent ensuite les sites de grands médias (54%), les « pure player » (18%), puis les médias sociaux (15%), les blogs de personnalités ou citoyens engagés (8%), pour finir par les sites des partis ou candidats (1 internaute sur 10 seulement). Malgré cela, la campagne actuelle est marquée par son développement sur le web et la mise à profit des réseaux sociaux. Les équipes de campagne s’en sont donné les moyens : en 2012 et d’après l’AFP, le budget dédié à la communication numérique a été doublé, pour atteindre 6 à 7% du budget total.


Les internautes globalement passifs face à l’actualité

Si 36% des Français utilisent Internet au moins une fois hebdomadairement pour rechercher des informations sur l’actualité politique, une majorité (53%) ne s’en sert pas, ou moins d’une fois par semaine.

Les personnes très actives sur Internet (qui regardent des vidéos, écoutent des podcasts, partagent des articles), représentent une minorité (13%), tandis que seulement 15% des internautes utilisent les médias sociaux pour s’informer.

L’impact des réseaux sociaux

Avec seulement cinq millions d’utilisateurs, Twitter est considéré comme un bon moyen de faire le buzz et diffuser les « petites phrases » chères aux candidats tandis que Facebook et ses 28 millions d’utilisateurs peut potentiellement avoir plus d’impact. « Le partage de news sur Facebook auprès de ses amis replace la chose politique dans un cadre privé, et ces « messages cooptés » ont un impact beaucoup plus fort, un peu comme les avis de consommateurs sur les sites d’e-commerce » explique Manuel Diaz, président de l’agence Emakina, et pilote de la stratégie digitale de Nicolas Sarkozy, dans une interview à TerraFemina.

Les internautes considèrent cependant à 53% que, malgré les efforts des candidats pour se rapprocher des électeurs, les réseaux sociaux ne l’ont pas favorisé. 44% des sondés estiment également qu’Internet ne fait pas émerger de nouveaux sujets de campagne, tandis qu’ils sont 58% à considérer qu’il ne permet pas de rééquilibrer la visibilité médiatique des candidats.


Fact-checking et open data : les candidats rattrapés par la vérité

La nouveauté de cette campagne concerne le fact-checking, c’est à dire la vérification des informations données par les candidats. La libération des données publiques (open data) permet de plus en plus d’expériences en ce sens dans les rédactions, comme avec Owni.fr et son Véritomètre. Les sondés reconnaissent à 48% que ces vérifications sont plus faciles, tandis que 38% considèrent qu’Internet a une influence positive sur la campagne.

Enfin, des nouveautés ont été apportées à cette campagne, inspirée de ce qu’avait fait l’équipe de Barack Obama en 2008. Le gaming incite par exemple les sympathisants à relever des défis comme partager un article, proposer des idées, venir au rassemblement… On a également pu remarquer l’initiative originale de Mélanchon avec sa websérie. Les meetings des candidats et les émissions politiques sont désormais live bloggés puis vus massivement sur Youtube, contraignant les équipes de campagne à synchroniser leur communication sur les différents médias et à réagir vite et bien, pour que l’e-réputation de leur candidat ne soit surtout pas ternie : « le storytelling reste la préoccupation centrale », explique ainsi Manuel Diaz.



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